Le prélèvement salivaire pourrait-il remplacer le prélèvement naso-pharyngé pour la détection du SARS-Cov-2 (en rRT-PCR) dans le cadre d’un dépistage de masse ?

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°14 - 7 avril 2021
Information dentaire
Article analysé : Cañete MG, Valenzuela IM, Garcés PC, Massó IC, González MJ, Providell SG. Saliva sample for the massive screening of SARS-CoV-2 infection. A Systematic Review. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol 2021 Feb 1. doi : 10.1016/j.oooo.2021.01.028 [Epub ahead of print]

Selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le dépistage des cas d’infection au SARS-CoV-2 et l’augmentation de la capacité de dépistage doivent être considérés comme la principale politique de surveillance de la pandémie actuelle. Un dépistage massif ou un dépistage précoce des cas asymptomatiques suspects pourrait aider à réduire la transmission, limitant la propagation de la maladie. Le diagnostic de Covid-19 nécessite actuellement l’obtention d’un échantillon par un prélèvement naso-pharyngé (PNP), qui doit être effectué par un personnel médical ou formé. Un test rRT-PCR est ensuite effectué, test qui a une spécificité élevée pour la détection du virus. Cependant, le PNP n’est pas la méthode idéale de prélèvement d’échantillons, notamment en termes d’adhésion du patient. De plus, il s’agit d’une technique invasive qui peut exposer le personnel soignant aux aérosols dus à la toux du patient et aux complications associées comme l’épistaxis (qui peut être sévère chez les patients anticoagulés). Dans ce contexte, d’autres sources de prélèvement d’échantillons ont été proposées, dont la salive, qui offrirait certains avantages par rapport au PNP.

Le but de cette revue systématique de la littérature était d’évaluer la valeur de la salive en tant qu’échantillon non invasif pour la détection du SRAS-CoV-2, en comparant la sensibilité de détection avec la méthode actuelle de prélèvement d’échantillons par voie naso-pharyngée.

Cette revue a été réalisée selon les règles PRISMA. Ont été inclus les rapports de cas et les séries de cas évaluant la salive comme échantillon pour la détection du SARS-CoV-2, publiés entre décembre 2019 et octobre 2020, en anglais, et disponibles en texte intégral.

Au total, 48 articles ont été recensés en interrogeant les bases de données (PubMed, Cochrane, EBSCO, Elsevier, et MEDLINE). 40 ont été sélectionnés en examinant les titres et les résumés. Après analyse par deux relecteurs, 34 articles répondant aux critères d’inclusion ont été retenus pour la revue des textes intégraux. Après examen du texte intégral, un accord a été conclu par les deux examinateurs pour inclure 22 articles dans la revue actuelle.

7 630 sujets ont ainsi été testés et inclus dans cette revue. 862 sujets étaient positifs au SARS-CoV-2. Seuls 16 articles rapportaient le sexe des patients ; l’âge moyen était de 55,6 ans (allant de 18 à 106 ans). 11 études ont rapporté la sensibilité et la spécificité de la salive pour la détection du virus. 3 études n’ont rapporté que la sensibilité. La sensibilité variait de 20 % à 97 %, avec une moyenne de 79,47 % pour toutes les études incluses. La spécificité s’échelonnait de 66 % à 100 %, avec une moyenne de 90,48 %. Une seule étude a rapporté l’indice de concordance entre la salive et le PNP, indice qui était de 97,4 % avec un kappa de 0,87.

Les auteurs en concluent que bien que la sensibilité et la spécificité des échantillons de salive ne soient pas équivalentes au PNP dans tous les cas, les valeurs sont relativement similaires pour les cas symptomatiques à charge virale élevée et assez acceptables pour les patients asymptomatiques à faible charge virale.

Commentaires

Le prélèvement salivaire peut être considéré comme approprié pour un dépistage de masse ou pour le diagnostic de cas suspects dans les établissements de santé où les ressources sont rares et où les PNP peuvent ne pas être largement disponibles.

Bien qu’ayant des valeurs de sensibilité et de spécificité moindres, le prélèvement de salive a pour intérêt de pouvoir être effectué par le patient lui-même, évitant ainsi de se rendre dans un établissement de santé (et diminuant le surpeuplement et l’exposition) ; ce type de prélèvement est de plus facile, rapide, largement accepté par les patients et économique. Le dernier intérêt de cet article est de donner les bases nécessaires à une harmonisation des procédures de prélèvement, de stockage et de manipulation des échantillons pour obtenir les résultats les plus fiables et reproductibles possibles.

Thèmes abordés

Commentaires

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Revue de presse

Article réservé à nos abonnés La sphère orale, cible et marqueur de l’exposition environnementale

Cet article publié dans le journal médecine/sciences en 2020, se penche sur l’importance de la cavité buccale en tant que...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Mise en œuvre de la zircone et impression 3D

Les préoccupations vertueuses liées au développement durable se sont progressivement éman­cipées pour imprégner nos sociétés industrielles de consom­mation dans quasiment...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Évaluation des changements dentoalvéolaires par suite de l’ingression des incisives maxillaires à l’aide d’une ou de deux minivis antérieures chez des sujets présentant un sourire gingival : un essai clinique randomisé

Introduction : Les techniques conventionnelles d’ingression des incisives peuvent entraîner des effets indésirables tels que l’égression des dents postérieures ou la...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés La distalisation de la denture mandibulaire à l’aide de micro-implants induit un mouvement distal molaire supérieur à l’espace disponible au niveau de la racine mis en évidence par CBCT

Introduction : Le mouvement distal en masse de la denture mandibulaire à l’aide de micro-implants ayant gagné en popularité, une plus...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Effets à court et à long terme de l’expansion palatine rapide, conventionnelle ou assistée par minivis, sur les tissus durs en utilisant la superposition morphométrique de scans sériels de CBCT

Introduction : Plusieurs études ont été consacrées aux effets de l’expansion palatine rapide conventionnelle (EPR) ou assistée par minivis (MARPE). Cependant,...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Amitriptyline topique dans la stomatodynie/glossodynie

Headache – la revue de l’American Headache Society – publie les résultats d’une étude de Lebel et al. proposant une...